mardi 27 décembre 2011

victore hugo

Portrait de Victor Hugo par Léon Bonnat (1879), conservé au château de Versailles.Victor Hugo (inscription complète sur son acte de naissance : Victor, Marie Hugo1), né le 26 février 1802 à Besançon et mort le 22 mai 1885 à Paris, est un poète,dramaturge et prosateur romantique considéré comme l'un des plus importantsécrivains de langue française. Il est aussi une personnalité politique et un intellectuelengagé qui a compté dans l'Histoire du xixe siècle. 
Victor Hugo occupe une place marquante dans l'histoire des lettres françaises auxixe siècle, dans des genres et des domaines d'une remarquable variété2,3. Il est poète lyrique avec des recueils comme Odes et Ballades (1826), Les Feuilles d'automne(1832) ou Les Contemplations (1856), mais il est aussi poète engagé contre Napoléon III dans Les Châtiments (1853) ou encore poète épique avec La Légende des siècles(1859 et 1877).
Il est également un romancier du peuple qui rencontre un grand succès populaire avec par exemple Notre-Dame de Paris (1831), et plus encore avec Les Misérables (1862). Au théâtre, il expose sa théorie du drame romantique dans sa préface de Cromwell en 18274 et l'illustre principalement avec Hernani en 1830 et Ruy Blas en 1838.
Son œuvre multiple comprend aussi des discours politiques à la Chambre des pairs, à l'Assemblée constituante et à l'Assemblée législative, notamment sur la peine de mort, l'école ou l'Europe, des récits de voyages (Le Rhin, 1842, ou Choses vues, posthumes, 1887 et 1890), et une correspondance abondante.
Victor Hugo a fortement contribué au renouvellement de la poésie et du théâtre ; il a été admiré par ses contemporains et l'est encore, mais il a été aussi contesté par certains auteurs modernes5. Il a aussi permis à de nombreuses générations de développer une réflexion sur l'engagement de l'écrivain dans la vie politique et sociale grâce à ses multiples prises de position qui le condamneront à l'exil pendant les vingt ans duSecond Empire.
Ses choix, à la fois moraux et politiques6, durant la deuxième partie de sa vie, et son œuvre hors du commun ont fait de lui un personnage emblématique que la Troisième République a honoré à sa mort le 22 mai 1885 par des funérailles nationales7 qui ont accompagné le transfert de sa dépouille au Panthéon de Paris, le 31 mai 1885.
Victor Hugo est le fils du général d'Empire Joseph Léopold Sigisbert Hugo (17731828) – créé comte, selon la tradition familiale, par Joseph Bonaparteroi d'Espagne et en garnison dans le Doubs au moment de la naissance de son fils – et de Sophie Trébuchet (17721821). Benjamin d'une famille de trois enfants après Abel Joseph Hugo (17981855) et Eugène Hugo (18001837), il passe son enfance à Paris. De fréquents séjours à Naples et en Espagne, à la suite des affectations militaires de son père, marqueront ses premières années. Ainsi, en 1811, il est, avec son frère Eugène, pensionnaire dans une institution religieuse de Madrid, le Collège des Nobles. Vers 1813, il s'installe à Paris avec sa mère qui s'est séparée de son mari, car elle entretient une liaison avec le général d'Empire Victor Fanneau de la Horie. En septembre 1815, il entre avec son frère à la pension Cordier. D'après Adèle Hugo, c'est vers cet âge que Victor Hugo commence à versifier. Autodidacte, c'est par tâtonnement qu'il apprend la rime et la mesure8. Il est encouragé par sa mère à qui il lit ses œuvres, ainsi qu'à son frère Eugène. Ses écrits sont relus et corrigés par un jeune maître d'études de la pension Cordier qui s'est pris d'amitié pour les deux frères9. Sa vocation est précoce et ses ambitions sont immenses. Âgé de quatorze ans à peine, Victor, en juillet 1816, note sur un journal : « Je veux être Chateaubriand ou rien10 ».
En 1817, il participe à un concours de poésie organisé par l'Académie française sur le thème Bonheur que procure l'étude dans toutes les situations de la vie. Le jury est à deux doigts de lui adresser le prix mais le titre de son poème (Trois lustres à peine) suggère trop son jeune âge et l'Académie croit à un canular : il reçoit seulement une mention11. Il concourt sans succès les années suivantes mais gagne, à des concours organisés par l'Académie des jeux floraux de Toulouse, en 1819, un Lys d'or pour la statue de Henri IV et un Amaranthe d'or pourLes Vierges de Verdun12, et un prix en 1820 pour Moïse sur le Nil13.
Encouragé par ses succès, Victor Hugo délaisse les mathématiques, pour lesquelles il a des aptitudes (il suit les cours des classes préparatoires), et embrasse la carrière littéraire. Avec ses frères Abel et Eugène, il fonde en 1819 une revue, « Le Conservateur littéraire », qui attire déjà l'attention sur son talent. Son premier recueil de poèmes, Odes, paraît en 1821 : il a alors dix-neuf ans. Les quinze cents exemplaires s'écoulent en quatre mois. Le roi Louis XVIII, qui en possède un exemplaire, lui octroie une pension annuelle de mille francs14.

Le jeune écrivain

Victor Hugo jeune homme.
La mort de sa mère le 27 juin 1821 l'affecte profondément15. En effet, les années de séparation d'avec son père l'avaient rapproché de celle-ci. Il épouse, le 12 octobre 1822, une amie d'enfance,Adèle Foucher, née en 1803, qui lui donne cinq enfants :
  • Léopold (16 juillet 1823 - 10 octobre 1823) ;
  • Léopoldine (28 août 1824 - 4 septembre 1843) ;
  • Charles (4 novembre 1826 - 13 mars 1871) ;
  • François–Victor (28 octobre 1828 - 26 décembre 1873) ;
  • Adèle (28 juilletnote 1 1830 - 21 avril 1915), la seule qui survivra à son illustre père, mais dont l'état mental, très tôt défaillant, lui vaudra de longues années en maison de santé.
Ce mariage précipite son frère Eugène dans la folie, une schizophrénie qui conduira à son enfermement jusqu'à sa mort en 183716.
Il publie la même année Han d'Islande qui reçoit un accueil mitigé. Une critique de Charles Nodier, bien argumentée, est l'occasion d'une rencontre entre les deux hommes et de la naissance d'une amitié17. Il participera aux réunions du Cénacle à la bibliothèque de l'Arsenal, berceau duromantisme, qui auront une grande influence sur son développement[réf. souhaitée]. Celle-ci dure jusqu'à 1827-1830, date à laquelle Charles Nodier commence à être très critique envers les œuvres de Victor Hugo18. Durant cette période, Victor Hugo renoue avec son père19 qui lui inspirera les poèmes Odes à mon pèrenote 2 et Après la bataille20. Celui-ci meurt en 1828.
Sa pièce Cromwell, publiée en 1827, fait éclat. Dans la préface de ce drame, Victor Hugo s'oppose aux conventions classiques, en particulier à l'unité de temps et à l'unité de lieu et jette les premières bases de son drame romantique.
Le couple reçoit beaucoup et se lie avec Sainte-BeuveLamartineMériméeMussetDelacroix21. Adèle Hugo entretient une relation amoureuse avec Sainte-Beuve qui se développe durant l'année 183122. De 1826 à 1837, la famille séjourne fréquemment au Château des Roches à Bièvres, propriété de Bertin l'Aîné, directeur du Journal des débats. Au cours de ces séjours, Hugo rencontre Berlioz,ChateaubriandLisztGiacomo Meyerbeer et rédige des recueils de poésie dont Feuilles d'automne. Il publie en 1829, le recueil de poèmesLes OrientalesLe Dernier Jour d'un condamné paraît la même année et est suivi de Claude Gueux en 1834. Dans ces deux courts romans, Victor Hugo présente son dégoût de la peine de mort. Le roman Notre Dame de Paris paraît en 1831.

Les années théâtre

De 1830 à 1843, Victor Hugo se consacre presque exclusivement au théâtre, mais publie néanmoins des recueils de poésies : Les Feuilles d'automne (1831), Les Chants du crépuscule(1835), Les Voix intérieures (1837), Les Rayons et les Ombres (1840).
Déjà en 1828, il avait monté une œuvre de jeunesse Amy Robsart. L'année 1830 est l'année de création d’Hernani qui est l'occasion d'un affrontement littéraire fondateur entre anciens et modernes, ces derniers, au premier rang desquels Théophile Gautier, s'enthousiasmant pour cette œuvre romantique — combat qui restera dans l'histoire de la littérature sous le nom de « bataille d'Hernani». Marion de Lorme, interdite une première fois en 1829 est montée en 1831 au Théâtre de la Porte-Saint-MartinLe roi s'amuse en 1832 au Théâtre-Français. La pièce sera dans un premier temps interdite, ce qui vaudra à Hugo la préface suivante, dans son édition originale de 183223 qui commence ainsi : L'apparition de ce drame au théâtre a donné lieu à un acte ministériel inouï. Le lendemain de la première représentation, l'auteur reçut de M. Jouslin de la Salle, directeur de la Scène au Théâtre-Français, le billet suivant, dont il conserve précieusement l'original : Il est dix heures et demie et je reçois à l'instant l'ordre de suspendre les représentations du Roi s'amuse. C'est M. Taylor qui me communique cet ordre de la part du ministre. Ce 23 novembre. Trois jours plus tard, le 26 novembre, Victor Hugo adressera la lettre suivante au rédacteur en chef du journal Le National : Monsieur, Je suis averti qu'une partie de la généreuse jeunesse des écoles et des ateliers a le projet de se rendre ce soir ou demain au Théâtre français pour y réclamer le Roi s'amuse et pour protester hautement contre l'acte d'arbitraire inouï dont cet ouvrage est frappé. Je crois, Monsieur, qu'il est d'autres moyens d'arriver au châtiment de cette mesure illégale, je les emploierai. Permettez-moi donc d'emprunter dans cette occasion l'organe de votre journal pour supplier les amis de la liberté de l'art et de la pensée de s'abstenir d'une démonstration violente qui aboutirait peut-être à l'émeute que le gouvernement cherche à se procurer depuis si longtemps. Agréez, Monsieur, l'assurance de ma considération distinguée. Victor Hugo 26 novembre 183224.
En 1833, il rencontre l'actrice Juliette Drouet, qui devient sa maîtresse et lui consacrera sa vie. Elle le sauvera de l'emprisonnement lors ducoup d'État de Napoléon III. Il écrira pour elle de nombreux poèmes. Tous deux passent ensemble chaque anniversaire de leur rencontre et remplissent, à cette occasion, année après année, un cahier commun qu'ils nomment tendrement le Livre de l'anniversaire25note 3,26. Mais Juliette ne fut pas la seule maîtresse de Victor Hugo qui en eut de nombreuses27.
Lucrèce Borgia et Marie Tudor sont montées au Théâtre de la porte Saint Martin en 1833, Angelo, tyran de Padoue au Théâtre Français en 1835. Il manque de salle pour jouer les drames nouveaux, Victor Hugo décide donc, avec Alexandre Dumas, de créer une salle dédiée au drame romantique. Aténor Joly reçoit, par arrêté ministériel, le privilège autorisant la création du théâtre de la Renaissance en 183628 où sera donné, en 1838Ruy Blas.
Hugo accède à l'Académie française en 1841, après trois tentatives infructueuses essentiellement dues à une poignée d'académiciens menés entre autres par Étienne de Jouynote 4, opposés au romantisme et le combattant férocement29.
Puis en 1843 est montée la pièce Les Burgraves qui ne recueille pas le succès escompté. Lors de la création de toutes ces pièces, Victor Hugo se heurte aux difficultés matérielles et humainesnote 5. Ses pièces sont régulièrement sifflées par un public peu sensible au drame romantique, même si elles reçoivent aussi de la part de ses admirateurs de vigoureux applaudissements30.
Le 4 septembre 1843, Léopoldine meurt tragiquement à Villequier, dans la Seine, noyée avec son mari Charles Vacquerie dans le naufrage de leur barque. Hugo était alors dans les Pyrénées, avec sa maîtresse Juliette Drouet, et l’apprendra alors par les journaux annonçant la mort de sa fille. L'écrivain est terriblement affecté par cette mort qui lui inspirera plusieurs poèmes desContemplations — notamment, « Demain, dès l'aube… ». À partir de cette date et jusqu'à son exil, Victor Hugo ne produira plus rien, ni théâtre, ni roman ni poème. Certains voient dans la mort de Léopoldine et l'échec des Burgraves une raison de cette désaffection de Victor Hugo pour la création littéraire31. D'autres y voient plutôt l'attrait pour la politique qui lui offre une autre tribune32.

L'action politique

Élevé par sa mère bretonne dans l'esprit du royalisme, il se laisse peu à peu convaincre de l'intérêt de la démocratie (J'ai grandi , écrit-il dans le poème « Écrit en 1846 »33 en réponse à un reproche d'un ami de sa mère).
Selon Pascal Melka34, Victor Hugo a la volonté de conquérir le régime pour avoir de l'influence et permettre la réalisation de ses idées35. Il devient ainsi confident de Louis-Philippe en 1844, puis pair de France en 1845. Son premier discours en 1846 est pour défendre le sort de la Pologne écartelée entre plusieurs pays36, puis en 1847 il défend le droit au retour des bannis dont celui de Jérôme Napoleon Bonaparte37.
Au début de la Révolution de 1848, il est nommé maire du 8e arrondissement de Paris, puis député de la deuxième République et siège parmi les conservateurs. Lors des émeutes ouvrières de juin 1848, Victor Hugo, lui-même, va participer au massacre, en commandant des troupes face aux barricades, dans l'arrondissement parisien dont il se trouve être le maire38. Il en désapprouvera plus tard la répression sanglante39. Il fonde le journal L'Événement40 en août 1848. Il soutient la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte élu Président de la République en décembre 1848. Après la dissolution de l'assemblée nationale, il est élu en 1849 à l'assemblée législative et prononce sonDiscours sur la misère. Il rompt avec Louis-Napoléon Bonaparte lorsque celui-ci soutient le retour du pape à Rome41 et il se bat progressivement contre ses anciens amis politiques dont il réprouve la politique réactionnaire.

L'exil

La maison du Pigeon, maison de la Grand-Place de Bruxelles que Victor Hugo habita lors de son exil à Bruxelles en 1852
Lors du coup d'État du 2 décembre 1851, Victor Hugo tente d'abord de fuir puis se constitue prisonnier, mais un commissaire français, flairant le piège, refuse de l'arrêter lui répondant « M. Hugo, je ne vous arrête pas car je n'arrête que les gens dangereux ! »42. Il s'exile volontairement43à Bruxelles, puis à Jersey en condamnant vigoureusement pour des raisons morales44,note 6 le coup d'État et son auteur Napoléon III dans un pamphlet publié en 1852, Napoléon le petit, ainsi que dans Histoire d'un crime, écrit au lendemain du coup d'État et publié 25 ans plus tard45 et dans Les Châtiments44. Le souvenir douloureux de Léopoldine sa fille — ainsi que sa curiosité — le pousse à tenter des expériences de spiritisme consignées dans Les Tables tournantes de Jersey.
Hauteville House, maison de Victor Hugo en exil à Guernesey
Chassé de Jersey en 1855 pour avoir critiqué la reineVictoria, il s'installe à Guernesey dans sa maison Hauteville House. Il fait partie des quelques proscrits qui refusent l'amnistie46 décidée quelque temps après (« Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là47 »). Ces années difficiles sont très fécondes. Il publiera notamment Les Châtiments (1853), œuvre en vers qui prend pour cible le Second Empire ; Les Contemplations, poésies (1856) ; La Légende des siècles (1859), ainsi que Les Misérables, roman (1862). Il rend hommage au peuple de Guernesey dans son roman Les Travailleurs de la mer (1866).
Il reçoit quelques visites du continent, celle de Judith Gautier ou en 1860, celle de Boucher de Perthes48. Le fondateur de la préhistoire le décrit alors comme un « républicain gentilhomme, (..) fort bien installé, vivant en père de famille (..) aimé de ses voisins et considéré des habitants.

Le retour en France et la mort

Victor Hugo retourne en France en septembre 1870 après la défaite de l'armée française à Sedan et reçoit de la part des Parisiens un accueil triomphal. Il participe activement à la défense de Paris assiégé. Mais il est à Bruxelles en mars 1871 pour régler la succession de son fils Charles lorsqu' éclate la Commune. C'est de Belgique qu'il assiste à la révolte et à sa répression qu'il désapprouve si vivement qu'il en est expulsé49. Il trouve refuge pendant trois mois et demi dans le Grand-Duché (1er juin–23 septembre). Il séjourne successivement àLuxembourg, à Vianden (deux mois et demi), à Diekirch et à Mondorf, où il suit une cure thermale. Il y achève le recueil L'Année terrible. Il retourne en France fin 1871 puis à Guernesey où il écrit en 1872, le roman Quatrevingt-treize. En 1873, il est à Paris et se consacre à l'éducation de ses deux petits-enfants, Georges et Jeanne qui lui inspirent le recueil L'Art d'être grand-père. Il reçoit beaucoup, hommes politiques et littéraires, les GoncourtLockroyClemenceauGambetta49... Le 30 janvier 1876, il est élu sénateur et milite pour l'amnistie des communards. Il s'oppose à Mac Mahon quand celui-ci dissout l'assemblée49. Dans son discours d'ouverture du congrès littéraire internationalde 1878, il se positionne pour le respect de la propriété littéraire mais aussi pour le fondement du domaine public. En juin 1878, Hugo est victime d'un malaise, peut-être50 une congestion cérébrale. Il part se reposer quatre mois à Guernesey dans sa demeure de Hauteville House, suivi de son « secrétaire bénévole » Richard Lesclide51. Ce mauvais état de santé met pratiquement fin à son activité d'écriture. Toutefois de très nombreux recueils, réunissant en fait des poèmes datant de ses années d'inspiration exceptionnelle (1850-1870) continuent de paraître régulièrement (La Pitié suprême en 1879, L'ÂneLes Quatre Vents de l'esprit en 1881, la dernière série de la Légende des sièclesen septembre 1883...), contribuant à la légende du vieil homme intarissable jusqu'à la mortnote 7. Durant cette période, nombre de ses pièces sont de nouveau jouées (Ruy Blas en 1872, Marion de Lorme et Marie Tudor en 187352Le roi s'amuse en 1882)49.
L'enterrement de Victor Hugo
Sous la Troisième République, le gouvernement Ferry promulgua la loi du 30 juillet 1881, dite de « réparation nationale », qui allouait une pension ou rente viagère aux citoyens français victimes du coup d'Etat du 2 décembre 1851 et de la loi de sûreté générale. La Commission générale chargée d'examiner les dossiers, présidée par le Ministre de l'Intérieur, était composée de représentants du ministère, de conseillers d'État, et comprenait huit parlementaires, tous d'anciennes victimes : quatre sénateurs (Victor Hugo, Jean-Baptiste MasséElzéar PinVictor Schœlcher) et quatre députés (Louis GreppoNoël Madier de MontjauMartin Nadaud etAlexandre Dethou)53.
Jusqu'à sa mort, en 1885, il reste une des figures tutélaires de la république retrouvée — en même temps qu'une référence littéraire incontestéenote 8. Il décède le 22 mai 188554, dans son hôtel particulier « La Princesse de Lusignan », qui était situé à la place de l'actuel 124 avenue Victor-Hugo. Selon la légende, ses derniers mots sont : Ceci est le combat du jour et de la nuit... Je vois de la lumière noire55 ». Conformément à ses dernières volontésnote 9, c'est dans le « corbillard des pauvres » qu'a lieu la cérémonie. Il est d'abord question du Père Lachaise mais le premier juin, suite au décret du 26 mai 1885, il est finalement conduit au Panthéon, la jeune Troisième République profitant de cet évènement56 pour retransformer l'église Sainte-Geneviève en Panthéon. Avant son transfert, son cercueil est exposé une nuit sous l'Arc de triomphe. On considère que plus d'un million de personnes et de nombreuses délégations se sont déplacées pour lui rendre un dernier hommage57 , le cortège vers le Panthéon s'étire sur plusieurs kilomètres58. Il est alors l'écrivain le plus populaire de son temps (et le demeure59) ; il est déjà depuis plusieurs décennies considéré comme l'un des monuments de la littérature française60.

Une œuvre monumentale

Signature
L'ensemble des écrits de Victor Hugo (triés et organisés par ses exécuteurs testamentaires Paul Meurice et Auguste Vacquerie61) a été publié chez Jean-Jacques Pauvert et représente presque quarante millions de caractères réunis en 53 volumes.
«  L'ensemble de mon œuvre fera un jour un tout indivisible. [...]. Un livre multiple résumant un siècle, voilà ce que je laisserai derrière moi62 »
Victor Hugo a pratiqué tous les genres : romanpoésiethéâtreessai, etc. — avec une passion du Verbe, un sens de l'épique et une imagination féconde63. Écrivain et homme politique, Victor Hugo n'a jamais cherché à opérer une distinction entre son activité d'écrivain et son engagement64 ainsi mélange-t-il intimement, dans ses œuvres de fiction, développement romanesque et réflexion politique65.

Le romancier

Un romancier inclassable

Hugo a laissé neuf romans. Le premier, Bug-Jargal a été écrit à seize ans ; le dernier, Quatrevingt-treize, à soixante-douze. L'œuvre romanesque a traversé tous les âges de l'écrivain, toutes les modes et tous les courants littéraires de son temps sans jamais se confondre totalement avec aucun ; en effet, allant au delà de la parodie, Hugo utilise les techniques du roman populaire en les amplifiant et subvertit les genres en les dépassant66 : si Han d'Islande, en 1823Bug-Jargal, publié en 1826, ou Notre-Dame de Paris, en 1831, ressemblent aux romans historiques en vogue au début du xixe siècle ils en dépassent le cadre ; Hugo n'est pas Walter Scott et, chez lui, le roman se développe vers l'épopée et le grandiosenote 10.
Cosette, illustration pour Les Misérablespar Émile Bayard
Le Dernier Jour d'un condamné en 1829 et Claude Gueux en 1834 engageant une réflexion directement sociale, mais ne sont pas plus aisés à définir67. Pour Hugo lui-même, il faut distinguer «romans de faits et romans d'analyse». Ces deux derniers sont des romans à la fois historiques et sociaux, mais sont surtout des romans engagés dans un combat — l'abolition de la peine de mort — qui dépasse de loin le cadre de la fiction. On peut en dire autant des Misérables, qui paraît en 1862, en pleine période réaliste, mais qui lui emprunte peu de caractéristiques68. Ce succès populaire phénoménal embarrasse d'ailleurs la critique car il louvoie constamment entre mélodrame populaire, tableau réaliste et essai didactique69.
De la même façon, dans Les Travailleurs de la mer (1866) et dans L'Homme qui rit (1869), Hugo se rapproche davantage de l'esthétique romantique du début du siècle, avec ses personnages difformes, ses monstres et sa Nature effrayante70 .
Enfin, en 1874, Quatrevingt-treize signe la concrétisation romanesque d'un vieux thème hugolien : le rôle fondateur de la Révolution française dans la conscience littéraire, politique, sociale et morale du xixe siècle. Il mêle alors la fiction et l'histoire sans que l'écriture ne marque de frontière entre les narrations71.

Une œuvre de combat

Le roman hugolien n'est pas un « divertissement » : pour lui l'art doit en même temps instruire et plairenote 11 et le roman est presque toujours au service du débat d'idées. Cette constante traverse les romans abolitionnistes de sa jeunesse, elle se poursuit, dans sa maturité, au travers de ses nombreuses digressions sur la misère matérielle et morale dans Les Misérablesnote 12.
Poète ou romancier, Hugo demeure le dramaturge de la fatalité72 et ses héros sont, comme les héros de tragédie, aux prises avec les contraintes extérieures et une implacable fatalité ; tantôt imputable à la société (Jean Valjean ; Claude Gueux ; le héros du Dernier jour d'un condamné), tantôt à l'Histoire (Quatrevingt-treize) ou bien à leur naissance (Quasimodo). Le goût de l'épopée, des hommes aux prises avec les forces de la Nature, de la Société, de la fatalité, n'a jamais quitté Hugo73 ; l'écrivain a toujours trouvé son public sans jamais céder aux caprices de la mode et personne ne s'étonne qu'il ait pu devenir un classique de son vivant74.

Le dramaturge

Hugo, croqué par Mérimée

Un projet ambitieux

Le théâtre de Victor Hugo se situe dans un renouveau du genre théâtral initié par Madame de StaëlBenjamin ConstantFrançois GuizotStendhal75 et Chateaubriand. Dans sa pièceCromwell qu'il sait être injouable à son époque75(pièce de 6 414 vers et aux innombrables personnages), il donne libre cours à son idée du nouveau théâtre. Il publie conjointement une préface destinée à défendre sa pièce et où il expose ses idées sur le drame romantique : un théâtre « tout en un75 », à la fois drame historique, comédie, mélodrame et tragédie. Il se revendique dans la lignée de Shakespeare75, jetant un pont entre Molière et Corneille76. Il y expose sa théorie du grotesque qui se décline sous plusieurs formes77 : du ridicule au fantastique en passant par le monstrueux ou l'horrible. Victor Hugo écrit « Le beau n'a qu'un type, le laid en a mille »78. Anne Ubersfeld parle à ce sujet de l'aspect carnavalesque du théâtre hugolien79 et de l'abandon de l'idéal du beau75. Selon Victor Hugo, le grotesque doit côtoyer le sublime car ce sont les deux aspects de la vie80.
Lors de la création de ses autres pièces, Victor Hugo est prêt à de nombreuses concessions81 pour apprivoiser le public et le mener vers son idée du théâtrenote 13. Pour lui, le romantisme est le libéralisme en littérature82. Ses dernières pièces, écrites durant l'exil et jamais jouées de son vivant, sont d'ailleurs réunies dans un recueil au nom évocateur Théâtre en liberté. Le théâtre doit s'adresser à tous : l'amateur de passion, celui de l'action ou celui de la morale83note 14. Pour lui le théâtre a pour mission d'instruire, d'offrir une tribune pour le débat d'idées et de présenter « les plaies de l'humanité avec une idée consolante84 ».
Victor Hugo choisit de situer ses pièces principalement dans le xvie siècle et le xviie siècle, se documente beaucoup avant de commencer à écrire85, présente souvent une pièce à trois pôles : le maître, la femme, le laid86 où se confrontent et se mélangent deux mondes : celui du pouvoir et celui des serviteursnote 15, où les rôles s'inversent (Ruy Blas, serviteur, joue le rôle d'un grand d'Espagne), où le héros se révèle faible et où le monstre a une facette attachantenote 16.
Victor Hugo reste attaché à l'alexandrin auquel il donne cependant, quand il le souhaite, une forme plus libre87 et rares sont ses pièces en prose (Lucrèce BorgiaMarie Tudor).

Un accueil mitigé

Article détaillé : Bataille d'Hernani.
Victor Hugo, s'il possède d'ardents défenseurs de son théâtre comme Théophile GautierGérard de NervalHector BerliozPetrus Borel, etc88, a aussi rencontré de nombreuses difficultés dans la présentation de ses pièces.
La première est une opposition politique. Sa remise en question des représentants du pouvoir ne plaît pas, Marion de Lorme est interdite, le Roi s'amuse l'est aussi après sa première représentation, Les Ultras attaquent Ruy Blas89.
La seconde est la contrainte économique : il n'existe sur Paris que deux théâtres susceptibles de représenter le drame, le Théâtre Françaiset le théâtre de la Porte-Saint-Martin. Ces deux théâtres subventionnés ne roulent pas sur l'or et sont tributaires des subsides de l'État. Leurs directeurs hésitent à prendre des risques28. Victor Hugo se plaindra du manque de liberté qu'ils offrent90. C'est une des raisons qui lui font entreprendre l'aventure du théâtre de la Renaissance.
La troisième et la plus importante est une opposition du milieu artistique lui-même. Les artistes et les critiques de son époque sont pour beaucoup hostiles à la transgression des codes culturels que représente le théâtre de Victor Hugo. Ils approuvent les grandes pensées qui élèvent l'âme mais s'insurgent contre tout ce qui relève du grotesque, du vulgaire, du populaire ou du trivial91. Ils ne supportent pas tout ce qui est excessif, lui reprochent son matérialisme et son absence de morale92. Ils critiquent vigoureusement chaque pièce présentée et sont souvent à l'origine de leur arrêt prématuré. Le Roi s'amuse ne fut représenté qu'une seule foisnote 17Hernani, pourtant forte de 50 représentations à succès ne fut pas reprise en 1833, Marie Tudor n'est joué que 42 fois93Les Burgraves sont un échec. Ruy Blas est un succès financier mais est boudé par la critique94. Seule Lucrèce Borgia peut être considérée comme un plein succès.

Le devenir

Florence Naugrette fait remarquer que le théâtre de Victor Hugo a été peu joué dans la première moitié du xxe siècle95,96. Il est remis au goût du jour par Jean Vilar en 1954 qui monte successivement Ruy Blas et Marie Tudor. D'autres metteurs en scène suivent qui font revivreLucrèce Borgia (Bernard Jenny), Les Burgraves et Hernani (Antoine Vitez), Marie Tudor (Daniel Mesguich), les pièces du Théâtre en liberté(L'InterventionMangeront-ils?Mille Francs de récompense...) sont montées dans les années 1960 et continuent à l'être. On peut lire aujourd'hui l'ensemble de ce Théâtre en liberté dans l'édition qu'en a procurée Arnaud Laster97. Florence Naugrette souligne aussi les difficultés d'interprétation du théâtre hugolien, comment n'être ni grandiloquent, ni prosaïque, mais sans fausse pudeur, comment présenter le grotesque sans glisser vers la caricature et comment gérer l'immensité de l'espace scénique et rappelle le conseil de Jean Vilar : « jouer sans pudeur en faisant confiance au texte de Victor Hugo ».

Le poète

Vers de jeunesse

À vingt ans, Hugo publie les Odes, recueil qui laisse déjà entrevoir, chez le jeune écrivain, les thèmes hugoliens récurrents : le monde contemporain, l'Histoire, la religion et le rôle du poète, notamment. Par la suite, il se fait de moins en moins classique, de plus en plusromantique, et Hugo séduit le jeune lecteur de son temps au fil des éditions successives des Odes (quatre éditions entre 1822 et 1828).
En 1828, Hugo réunit sous le titre Odes et Ballades toute sa production poétique antérieure. Fresques historiques, évocation de l'enfance ; la forme est encore convenue, sans doute, mais le jeune romantique prend déjà des libertés avec le mètre et la tradition poétique. Cet ensemble permet en outre de percevoir les prémices d'une évolution qui durera toute sa vie : le chrétien convaincu s'y montre peu à peu plus tolérant, son monarchisme qui se fait moins rigide et accorde une place importante à la toute récente épopée napoléonienne ; de plus, loin d'esquiver son double héritage paternel (napoléonien) et maternel (royaliste), le poète s'y confronte, et s'applique à mettre en scène les contraires (ce que l'on appelle l'antithèse hugolienne) pour mieux les dépasser :
« Les siècles, tour à tour, ces gigantesques frères,
Différents par leur sort, semblables en leurs vœux,
Trouvent un but pareil par des routes contraires98. »
Puis Hugo s'éloigne dans son œuvre des préoccupations politiques immédiates auxquelles il préfère — un temps — l'art pour l'art. Il se lance dans Les Orientales (l'Orient est un thème en vogue) en 1829, (l'année du Dernier jour d'un condamné).
La Grèce sur les ruines de Missolonghi,Eugène Delacroix, 1827
Le succès est important, sa renommée de poète romantique assurée et surtout, son style s'affirme nettement tandis qu'il met en scène la guerre d'indépendance de la Grèce (le choix de présenter l'exemple de ces peuples qui se débarrassent de leurs rois n'est pas innocent dans le contexte politique français) qui inspira également Lord Byron ou Delacroix.

La première maturité

Dès les Feuilles d'automne (1832), les Chants du crépuscule (1835Les Voix intérieures (1837), jusqu'au recueil les Rayons et les Ombres (1840), se dessinent les thèmes majeurs d'une poésie encore lyrique — le poète est une « âme aux mille voix » qui s'adresse à la femme, à Dieu, aux amis, à la Nature et enfin (avec les Chants du crépuscule) aux puissants qui sont comptables des injustices de ce monde.
Ces poésies touchent le public parce qu'elles abordent avec une apparente simplicité des thèmes familiers ; pourtant, Hugo ne peut résister à son goût pour l'épique et le grand. Ainsi, on peut lire, dès le début des Feuilles d'automne, les vers :
« Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte »

Créativité et puissance littéraire

À partir de l'exil commence une période de création littéraire qui est considérée comme la plus riche, la plus originale et la plus puissante de l'œuvre de Victor Hugo. C'est alors que naîtront certains de ses plus grands poèmesnote 18.
Les Châtiments sont des vers de combat qui ont pour mission, en 1853, de rendre public le « crime » du « misérable » Napoléon III : le coup d'État du 2 décembre. Prophète des malheurs qui attendent Napoléon III, exécuteur du neveu honni, Hugo s'y fait cruel, satirique, voire grossier (« pourceau dans le cloaque99 ») pour châtier « le criminel100 ». Mais Hugo se fait aussi poète de temps meilleurs comme par exemple dans Stella ; le poète prend alors des tons quasiment religieux. Quant à la forme des Châtiments, elle est d'une extrême richesse puisque Hugo recourt aussi bien à la fable, qu'à l'épopée, à la chanson ou à l'élégie, etc.
Quelques années plus tard, Hugo déclare, à propos des Contemplations qui paraissent en 1856 : « Qu'est-ce que les Contemplations ? — Les mémoires d'une âme101 ». Apothéose lyrique, marquée par l'exil à Guernesey et la mort (cf. Pauca Meae) de la fille adorée : exil affectif, exil politique : Hugo part à la découverte solitaire du moi et de l'univers. Le poète, tout comme dans les Châtiments, se fait même prophète, voix de l'au-delà, voyant des secrets de la vie après la mort et qui tente de percer les secrets des desseins divins. Mais, dans le même temps, les Contemplations, au lyrisme amoureux et sensuel, contient certains des plus célèbres poèmes inspirés par Juliette DrouetLes Contemplations : œuvre multiforme donc comme il convient aux « mémoires d'une âmenote 19 ».
Enfin, la Légende des siècles, son chef-d'œuvre, synthétise l'histoire du monde en une grande épopée parue en 1859 ; « L'homme montant des ténèbres à l'Idéal102,103 », c'est-à-dire la lente et douloureuse ascension de l'humanité vers le Progrès et la Lumière104.

Une place à part dans son siècle

Tantôt lyrique, tantôt épique, Hugo est présent sur tous les fronts et dans tous les genres: il a profondément ému ses contemporains, exaspéré les puissants et inspiré les plus grands poètes.
Ainsi que le rappelle Simone de Beauvoir : Son 79e anniversaire fut célébré comme une fête nationale : 600 000 personnes défilèrent sous ses fenêtres, on lui avait dressé un arc de triomphe. L'avenue d'Eylau fut peu après baptisée avenue Victor-Hugo et il y eut un nouveau défilé en son honneur le 14 juillet. Même la bourgeoisie s'était ralliée, [...]105.

Le témoin voyageur

Article détaillé : Victor Hugo en voyage.
Portrait sur la Colonne Victor Hugo106 àWaterloo, (Belgique)
Victor Hugo a beaucoup voyagé jusqu'en 1871. De ses voyages, il rapporte des carnets de dessins et des notes107,108. On peut ainsi citer le récit d'un voyage fait à Genève et dans les Alpes avec Charles Nodier109. Il part aussi chaque année pour un voyage d'un mois avec Juliette Drouet découvrir une région de France ou d'Europe et en revient avec notes et dessins49. De trois voyages sur le Rhin (1838, 1839, 1840), il rapporte un recueil de lettres, notes et dessins publié en 1842 et complété en 1845110. Pendant les années 1860, il traverse plusieurs fois le Grand-Duché de Luxembourg comme touriste, alors qu'il se rend sur le Rhin allemand (1862, 1863, 1864, 1865). De retour à Paris en 1871, il cesse de voyager107.

Le dessinateur

Aux nombreux talents de l'écrivain, il faut ajouter le dessin. L'artiste n'a certes pas éclipsé le poète, mais on continue néanmoins de redécouvrir le travail pictural de Victor Hugo – auquel on a consacré de nombreuses et prestigieuses expositions au cours des vingt dernières années (lors du centenaire de sa mort, en 1985, « Soleil d'Encre » au Petit Palais et « Dessins de Victor Hugo » place des Vosges dans la maison qu'il habita sous la Monarchie de Juillet ; mais aussi, plus récemment, à New YorkVeniseBruxelles, ou Madrid).
En bon autodidacte, Hugo n'hésite pas à utiliser les méthodes les plus rustiques ou expérimentales : il mélange à l'encre le café noir, le charbon, la suie de cheminée, peignant du bout de l'allumette ou au moyen des barbes d'une plume.
Ses œuvres sont, en général, de petite taille et il s'en sert tantôt pour illustrer ses écrits (Les Travailleurs de la mer), tantôt pour les envoyer à ses amis pour le jour de l'an ou à d'autres occasions. Cet art, qu'il pratiquera toute sa vie, le divertit.
Au début, ses travaux sont de facture plutôt réaliste ; mais avec l'exil et la confrontation mystique du poète avec la mer, ils acquerront une dimension presque fantastiquenote 20,111.
Cette facette du talent d'Hugo n'échappera pas à ses contemporains et lui vaudra les louanges de, notamment, Charles Baudelaire : « Je n'ai pas trouvé chez les exposants du Salon la magnifique imagination qui coule dans les dessins de Victor Hugo comme le mystère dans le ciel. Je parle de ses dessins à l'encre de Chine, car il est trop évident qu'en poésie, notre poète est le roi des paysagistes112».

Victor Hugo et la photographie

Victor Hugo lisant devant un mur de pierre, par Auguste Vacquerie 1853 (?), Musée d'Orsay, Paris
Pendant l'exil à Jersey, Victor Hugo s'intéresse au médium de la photographie. Il collabore avec ses fils François-Victor et surtout Charles, ainsi qu'avec Auguste Vacquerie. Hugo leur délègue la partie technique, mais c'est lui qui met en scène les prises de vues. Ils produisent d'abord desdaguerréotypes, puis des photographies d'après négatifs sur papier, portraiturant essentiellement le poète ou son entourage familial et amical. Ils prennent aussi des vues de Jersey, de Marine Terrace et de quelques dessins de Hugo.
Ces images (environ 350 œuvres), qui avaient valeur de souvenir ou de communication médiatique, furent diffusées dans le cercle des intimes ou au-delà, rassemblées en albums, insérées dans certains exemplaires des éditions originales de l'écrivain, mais n'ont jamais connues la diffusion commerciale d'abord envisagée par Victor Hugo113.

Sa pensée politique



12-12-2011 | 1 vues

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